Ma cuisine « Zéro Déchet » : comment débuter ?

    Il existe bien des manières de réduire voire de complètement supprimer certains de nos déchets ménagers, et cela vaut aussi pour ce qui touche à la cuisine. Notre article a pour objectif de vous présenter une manière saine et naturelle de voir les choses et le monde de la cocotte et du fourneau, ainsi que tout un arsenal d’idées et de pratiques pour parvenir non pas seulement à limiter vos déchets, mais surtout, à les valoriser.

Sans tout chambouler de votre régime alimentaire ou de vos goûts culinaires, allez savoir, peut-être même en les améliorant, voyons comment vous aller pouvoir réduire votre impact écologique en réduisant l’utilisation de certains produits et en utilisant ou en optimisant certains « rebus » de la cuisine.

…par Romain Pillard.

 

I/ « Zéro déchet », même pas peur…

Pour commencer, n’allez pas penser qu’embrasser cette philosophie suppose de prendre de cours de cuisine, ou des contraintes insurmontables. Nous allons vous prouver que tout est plutôt question de bons réflexes à prendre et de bon sens à appliquer. N’allez pas non plus culpabiliser si vous ne parvenez pas au sacro-saint « Zéro » déchet, l’essentiel est plutôt de tendre vers une réduction significative des déchets générés ET inutilisés au sein du foyer.

Ces bases étant posées, sachez que la philosophie « zéro déchet » ne doit pas être considérée , car elle l’est parfois, comme un mode de vie un peu « hippie-bobo », adopté par des personnes qui mangent « bio » et qui appartiennent nécessairement à la catégorie des cadres supérieurs etc. Il faut bien comprendre que si la conscience écologique semble effectivement consubstantielle de la mouvance « zéro déchet », au demeurant, la logique économique elle aussi, apparaît comme en étant indissociable ! Si vous souhaitez réduire  le post budget lié à la cuisine, et bien commencez par réduire vos déchets. 

Cette affirmation est aussi simple qu’incontestable, alors que diriez-vous de commencer par quelques tuyaux livrés à la volée et qui, pour certains, relèvent surtout du bon sens. Dans un second temps, nous en viendrons à des applications de certains préceptes afin d’ancrer l’ensemble dans le concret, et de ne pas nous borner à égrainer de manière un peu  abstraite de bien jolies théories…qui resteront en l’état.

    Lorsque l’on parle de cuisine « zéro déchet », il ne faut pas perdre de vue tout ce qui a trait aux déchets qui ne sont pas directement issus des aliments préparés (comme les épluchures, les morceaux gâtés, les parties jugées trop grasses, etc.), à savoir principalement le conditionnement des produits et certains « ustensiles » ou produits ménagers, que l’on considère souvent comme irremplaçables dans la sphère de la cuisine (le papier essuie-tout, le film plastique alimentaire, les pailles, etc.). Sachez que contrairement à ce qui est affirmé, très souvent les rouleaux de papier essuie-tout eux-mêmes ne sont pas réellement bio-dégradables, tout comme le papier, qui est régulièrement blanchi chimiquement. Utilisez les vieilles guenilles remisée au placard pour confectionner des carrés de tissus que vous pourrez réutiliser après les avoir lavés et si vous ne pouvez décidément pas faire l’impasse sur la paille, trouvez-en une lavable et réutilisable, il en existe des modèles très jolis et / ou très rigolos !

Tâchez également de limiter votre consommation de produits en format ou en portion individuels, cela pourrait paraître bête de devoir le rappeler, mais préférez acheter un paquet plus gros que vous allez ensuite répartir dans des contenants réutilisables (des boîtes en bois, en inox, en verre…), plutôt que de multiplier les emballages dont on sait qu’ils sont extrêmement nocifs pour l’environnement, puisque souvent à base de plastique. Afin de stocker vos biscuits ou votre repas par exemple, pourquoi ne pas utiliser une petite boîte hermétique dédiée, que ce soit au travail ou le temps d’une randonnée. Dans un même ordre d’idée, lorsque vous faites vos courses, utilisez des sacs en tissu pour les denrées que vous pouvez acheter en vrac, car oui, le mieux est de privilégier le vrac ! Vous pouvez également emportez vos bocaux, voire vos bouteilles ou vos bidons directement au magasin (huile d’olive, lessive, produit vaisselle,…), et vous pourrez même parfois les tarer en caisse (renseignez-vous !). 

Tout cela représentera autant de déchets en moins en lien avec la cuisine, ce qui impactera immédiatement votre porte-monnaie, ce qui ne sera pas du luxe en cette période un peu difficile.

Avouez que tout ce dont nous venons de parler ne réclame pas nécessairement une révolution de votre mode de vie ou de consommer… Pour autant, sachez que si la majorité parvenait à se tenir à ces quelques préceptes relativement basiques, et bien l’impact sur l’écologie à l’échelle du pays, puis du monde serait réel. En outre et par ricochet, peut-être bien que la mentalité de ceux qui ne sont pas encore prêts à franchir le pas pourrait alors s’infléchir, alors n’hésitons pas à impulser l’élan…

II/ Maintenant, aux fourneaux…ou au jardin.

Cette seconde partie de l’article va principalement se pencher sur les deux moyens qui existent afin de « recycler » ou d’utiliser les déchets alimentaires issus de vos préparations. Nous pouvons et allons les appeler des « ressources », car le terme est plus seyant, et donc plus en adéquation avec l’art de la bouche. Pour faire simple et le dire joliment, vous aurez le choix entre trouver le moyen de les préparer afin de vous en délecter, ou bien de les réduire afin d’en nourrir les futurs aliments qui poussent dans votre jardin, à savoir, les composter !

    Commençons par le compost si vous le voulez bien, car le sujet ne concerne « que » les personnes possédant un jardin (voire un micro jardin, quelques bacs sur un balcon par exemple…) alors que la cuisine est l’affaire de toutes et tous ! Et allez savoir, si en présentant bien les choses, nous ne ferons pas basculer de nouveaux adeptes hésitant ! Alors tâchons de trouver les arguments et les mots justes…

Premièrement, ne métamorphosez pas votre cuisine et ne vous fixez pas des objectifs hors de portée. Sachez néanmoins qu’environ 30 % de nos déchets sont organiques, le simple fait d’activer quelques leviers basiques peut donc clairement faire la différence.

Quels gains directs allez-vous retirer du compostage, est-on en droit de se demander ? Et bien vous allez notablement réduire votre volume de déchets, vous allez vous-même produire un engrais naturel d’une qualité incomparable et sans la moindre empreinte carbone, et vous allez diminuer significativement les coûts du traitement des ordures du foyer.

Composter, c’est recycler la matière organique inutilisée (épluchures de fruits et de légumes, arêtes de poissons broyées, coquillages et crustacés broyés, coquilles d’œufs concassées, restes de repas, couenne, gras, etc.), faire en sorte que tout un écosystème complexe s’y installe et y prospère (des vers, des champignons et de très nombreux micro-organismes…), puis observer la transformation de l’ensemble en un humus fertile. Cela peut prendre entre 5 à 18 mois, en fonction du volume et du contexte. 

Pour votre compostage, tâcher de faire un tas ni trop dense ni trop aéré,  constitué d’un maximum de déchets organiques différents, de préférence à l’ombre (surtout en été), proche d’une source d’eau, et remuez le tout régulièrement à mesure que vous ajoutez de la matière en ajoutant un peu d’eau chaque fois. Si le tout vous semble trop mouillé, n’hésitez pas à ajouter du papier ou du carton biodégradables et secs…), et si, à l’inverse, le tout vous semble trop sec, ajoutez du papier ou du carton biodégradables détrempés. Dans tous les cas, régulez l’humidité afin d’éviter la prolifération des mouches et autres insectes volants (attention, les restes d’aliments sucrés ont tendance à attirer davantage cette faune d’indésirables). Il existe aussi des systèmes étudiés, sous forme de silos, de fûts ou de bacs, prenez bien tous les renseignements avant de faire votre choix, car le marché propose le pire et le meilleur, mais les avis des utilisateurs doivent vous guider.

Pour les personnes qui n’ont pas de jardin, il existe des systèmes plus petits prévus spécialement pour composter chez soi, renseignez-vous car cela fonctionne parfaitement, même si les quantités recyclables sont forcément moindres.

Et pour terminer, afin de ne pas vous laisser dans le doute, voici quelques exemples de déchets organiques communs dont on pourrait penser, à tort, qu’ils peuvent servir de compost, mais ce n’est PAS le cas : les litières d’animaux, le liège, le bois traité, la terre ou le sable, les cendres.

Après avoir parlé du compostage, et donc du recyclage de certaines ressources organiques, à présent tournons-nous vers une autre manière de valoriser (une partie tout du moins…) ces dernières, mais culinairement cette fois !

Les surprenantes vedettes de ce paragraphe ne seront autres que les figurantes habituelles, voire les laissées pour compte de toute production gastronomique d’ampleur, j’ai nommé : les épluchures !

Ne sous-estimez pas les talents cachés de ces dernières, et récupérez-les après avoir fait chauffer l’économe. Au préalable, prenez grand soin de laver les légumes si vous destinez leurs épluchures au fourneau, car elles portent souvent des résidus de pesticides et d’engrais chimiques sur leur surface…

    Commençons par ce qui risque fort de devenir le véritable chouchou de vos enfants ou de vos soirées télé, puisque délicieux et préparé en un rien de temps : les chips d’épluchure ! Que l’on parle de panais, de pommes de terre ou même de topinambours, laisser sécher les épluchures, ou bien faites-les sécher plus vite à l’air chaud, puis faites-les frire à la poêle avec un peu de beurre (salé ou non) ou de l’huile d’olive… Puis dégustez !

Pour tous les consommateurs de viande ou de poisson, sachez que les restes sont de véritables concentrés de saveurs et de goût. Si vous souhaitez concocter de délicieux fumets ou de savoureuses bisques, sachez que c’est exactement ce qu’il vous faut ! En accompagnement d’un plat en sauce, que ce soit des pâtes, de la viande ou du poisson, ce sera parfait ! Il vous suffira de broyer l’ensemble des restes avant de le cuisiner, souvent avec un peu de vin et d’autres ingrédients, herbes, condiments, etc.

Afin d’utiliser tout un assortiment de rebus de légumes, plutôt que d’aller remplir votre poubelle et de ne pas les valoriser, que diriez-vous de les utiliser, de les cuisiner, afin de réaliser un savoureux bouillon de légumes ? Vos épluchures de pommes de terre, de carottes, de courgettes, vos rebus de poivron, de panais, de fenouil, d’aubergines et que sais-je encore, vont être parfaits pour composer le plus merveilleux des bouillons. Il va vous suffire de broyer le tout dans un mixeur et d’en récupérer le substrat, que vous pourrez ensuite faire sécher au four quelques minutes. Conservez le résultat dans un bocal hermétiquement fermé et vous pourrez ensuite utiliser cette poudre de légumes hyper concentrée, et 100 % naturelle afin de donner du goût à vos pâtes ou à vos plats.

Outre les épluchures, qui, comme nous l’avons dit plus haut s’octroient le premier rôle et la plus forte proportion des fameuses « ressources » alimentaires insoupçonnées de votre cuisine, sachez qu’un des plus beaux seconds rôles est tenu par les fanes. 

Les fanes, pour celles et ceux qui ne le savent pas, se sont les tiges et les feuilles de certaines plantes ou de certains légumes, et sachez qu’elles se cuisinent ! Commencez bien évidemment par bien les laver, car il faut les débarrasser de la terre et des résidus de produits chimiques utilisés pour la culture.

Ensuite, il serait trop long de vous narrer par le menu toutes les recettes qui existent, nous allons vous laisser le soin de faire vos propres recherches ciblées en fonction de vos goûts et de vos envies, néanmoins, pour vous éclairer un peu, voici ce qui vous est rendu possible en utilisant les fanes ou les feuilles de certains fruits et légumes.

Les fanes de carottes, de panais, de radis, d’orties, de betteraves et de navet sont parfaites pour réaliser des sauces (avec de la crème, du vin, à votre guise…), des omelettes, des accompagnements de plats, de la purée, des quiches, des soupes et des salades. Utilisez les cosses de vos fèves ou de vos petits pois, les feuilles d’ortie, de navet, de carotte pour préparer des soupes, qui seront parfaites accompagnées de fromage et de quelques croûtons à l’ail par exemple… 

Si vous n’en avez jamais entendu parler, sachez que l’on peut non seulement préparer toutes sortes d’entrées et de plats absolument savoureux (gratins, veloutés, etc…) sur la bases de « ressources» alimentaires insoupçonnées, mais aussi faire de succulents gâteaux avec une base de carotte ; non seulement la texture est moelleuse et le goût savoureux, mais la couleur, elle aussi, vaut le détour et fait le régal des yeux ! S’agissant de gâteau, pour finir, voici notre petit chouchou qui vous permettra de recycler les bananes qui sont passées et complètement noircies. Tentez la recette du « Banana Loaf », ou « Banana Bread », qui provient d’Amérique du Nord, et qui est proprement délicieuse…vous nous en direz des nouvelles !

 

Conclusion :

Vous l’avez compris, la cuisine « zéro  déchet » ne se limite pas seulement à la marmite et au fait-tout, cela a aussi trait avec la manière de gérer des déchets organiques qui ne sont pas nécessairement réutilisables directement à des fins alimentaires.

La technique de compostage est à la fois écologique et économique, et nous ne saurons trop vous conseiller de vous y intéresser d’un peu plus près, par curiosité pour commencer. Les avantages à se lancer dans cette manière de gérer ses rebus sont nombreux et indiscutables, vous le  réaliserez très vite.

Pour ce qui est de la cuisine à proprement parler, à savoir, les casseroles et les fourneaux, le mieux est de vous tourner directement vers les recettes qui contiennent les aliments que vous avez l’habitude d’utiliser, ou que vous aimez tout particulièrement (effectuez une recherche sur Internet avec les mots-clef « cuisiner zéro déchet » par exemple). A chaque palais ses honneurs, comme on dit !

C’est la raison pour laquelle nous nous sommes abstenus de détailler trop de recettes spécifiques, en prenant plutôt le parti de vous présenter d’une manière un peu globale et moins ciblée, une liste fournie des éléments, des légumes et des fruits que vous pourriez utiliser, pour peu que le cœur et vos papilles vous en disent bien entendu !…

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